Une première mondiale pour l’UNAMUR : des rotifères dans l’espace!
Où en sommes-nous dans la recherche spatiale ? Voyagerons-nous vers Mars en 2024 ? Quels obstacles devons-nous encore franchir ?
« Un des obstacles les plus importants est l’effet à long terme de l’apesanteur et des radiations cosmiques » précise le Professeur Sarah Baatout, radiobiologiste au SCK•CEN. Elle ajoute : « Il altère notre vue, rend nos os plus fragiles et augmente le risque de cancer. Une étude révèle que contrairement à l’Homme, certains organismes sont plus résistants aux conditions spatiales que d’autres. Prenons l’exemple des rotifères : ils peuvent vivre dans le vide et résistent mieux aux doses élevées de radiation et même à la déshydratation. C’est remarquable car leur structure cellulaire est similaire à celle de l’Homme ».
Afin de découvrir les causes de ces résistances extrêmes, l’UNamur et le SCK•CEN envoient une série d’expériences dans l’espace. Les rotifères décolleront de Floride en décembre et orbiteront pendant deux semaines autour de la Terre dans la Station spatiale internationale. Ils seront, par ce fait, exposés aux conditions spatiales. De retour sur Terre, les chercheurs examineront les échantillons afin d’observer la reproduction, l’expression génique et la structure du génome. « L’expression génique lance aux cellules le signal de produire, si nécessaire, des protéines, afin de régénérer, par exemple, l’ADN endommagé. En étudiant ce phénomène en détails nous serons capables d’observer les processus qui se déroulent chez les rotifères et, par conséquent, quels mécanismes les protègent des conditions extrêmes dans l’espace » explique le Docteur Boris Hespeels, biologiste à l’UNamur. Karine Van Doninck (UNamur) complète : « Ensuite, nous vérifierons si la structure du génome de l’ADN endommagé a été régénérée correctement. Un génome régénéré incorrectement peut mener à l’infertilité, à des anomalies chez les progénitures ou même à la mort ».
Utilisations sur Terre
Les chercheurs sont confiants pour cette expérience. « Il y a eu beaucoup de préparation en amont et elle portera ses fruits », affirme Boris Hespeels qui est en charge de la coordination scientifique de ce projet. Bjorn Baselet, radiobiologiste au SCK•CEN ajoute : « Une compréhension des causes permettra d’améliorer la résistance des astronautes aux radiations cosmiques. Cela ouvre la porte à de futures explorations spatiales. De plus, la recherche pourra être également appliquée sur Terre. Les résultats pourraient, par exemple, améliorer la protection des professionnels exposés aux radiations ou encore réduire les effets négatifs des thérapies par radiations chez les patients atteints de cancer ». « Ce projet est une opportunité unique d’acquérir des connaissances sur la façon dont les êtres vivants peuvent s’adapter face à des environnements extrêmes » conclut Boris Hespeels (UNamur).
Valorisations
Médiation scientifique
La cellule de médiation scientifique de l’UNamur (Confluent des Savoirs) et le SCK•CEN ont planifié de nombreuses activités à destination des élèves du secondaire ainsi que des événements pour le grand public tel que le « Printemps des Sciences ». Tout au long de l’année, les écoles secondaires pourront disposer de kits RISE qui leur permettront d’étudier les rotifères en classe. Des workshops sur les rotifères seront également proposés.
Art et science
Le projet inspire également les artistes. « Des artistes de renommée internationale mélangeront l’art et les sciences en présentant les rotifères et le projet RISE dans des œuvres originales, multiples et variées : sculptures, dessins, installations artistiques multimédia, images, etc. Ces œuvres permettront au grand public et aux jeunes d’appréhender, de manière créative et compréhensible, la complexité des recherches et de la technologie » affirme Karine Van Doninck. L’UNamur et le KIKK Festival proposeront une double exposition d’art à Bruxelles (Halles de Schaerbeek) et à Namur.
Collaborations
Ce projet est l’histoire incroyable d’une collaboration entre des femmes et des hommes de différentes institutions. Les biologistes Karine Van Doninck et Boris Hespeels (UNamur), les physiciens du laboratoire des Professeurs Lucas et Anne-Catherine Heuskin (UNamur), et les radiobiologistes Sarah Baatout et Bjorn Baselet (SCK•CEN) travaillent ensemble afin d’envoyer cette expérience unique dans l’espace. Cette étude n’aurait pu se dérouler sans la subvention de l’ESA et l’expertise en ingénierie de Kayser Italia.
Contact : Karine VAN DONINCK - +32 (0)81 72 44 07 - karine.vandoninck@unamur.be