Un des tests proposés aux nouveaux étudiants porte notamment sur les prérequis en lecture et compréhension d’un texte universitaire et un autre sur les prérequis en mathématiques. En ce qui concerne le test en mathématiques passé par les étudiants en sciences économiques et de gestion et en ingénieur de gestion, en 2019 (226 étudiants), l'écart de performance entre les 25% des nouveaux étudiants les plus faibles et les 25% les plus forts est de 5,5 points sur 20. S’agissant du test de lecture et compréhension de texte et pour les mêmes étudiants, nous avons également observé un écart de performance important, de 4,5 points sur 20, entre les 25% des nouveaux étudiants les plus faibles et les 25% les plus forts.  Ce résultat n’est guère étonnant puisque les enquêtes PISA ont montré à plusieurs reprises qu’une disparité de résultats particulièrement prononcée était observée entre les élèves de la FWB.

Laurent Schumacher

Laurent Schumacher, Vice-recteur à l'enseignement, à la formation et au développement durable

« Il s'agit là d'un défi majeur pour l'ensemble des composantes de l'enseignement supérieur en Belgique francophone, qui se voient confrontées à des groupes aux profils individuels extrêmement variés », explique Laurent Schumacher, vice-recteur à la Formation de l’UNamur. « Ce constat nous incite à intensifier les contacts entre niveaux d’enseignement, secondaire et supérieur, pour organiser une transition la plus fructueuse possible pour nos jeunes au sortir de l’enseignement obligatoire. »

« Ne nous voilons cependant pas la face », ajoute Laurent Schumacher. « Ce constat apporte aussi de l'eau au moulin de ceux qui plaident pour l'instauration d'une année de propédeutique (préparation à l'enseignement supérieur) et/ou à des tests d'entrée plus ou moins contraignants, comme l'ont décidé les autorités flamandes avec leurs "ijkingstoetsen" (https://www.ijkingstoets.be). Confrontées au même défi de l'hétérogénéité des publics dans un cadre de large démocratisation de l'accès à l'enseignement supérieur, les autorités flamandes ont décidé de maintenir le principe d'un accès largement ouvert, moyennant un test qui met chaque futur étudiant face à ses responsabilités en matière de formation initiale supérieure : s'informer, s'évaluer, s'orienter au mieux de ses intérêts et de ses capacités. »

Par ailleurs, ces tests de prérequis permettent également d'évaluer l'impact de la reconfiguration de l’enseignement secondaire sur les apprentissages en période de crise sanitaire. Pour ces groupes d'élèves qui ont traversé les confinements successifs, le Passeport de mathématiques révèle une baisse significative, en septembre 2021, du niveau de maîtrise de plusieurs prérequis : représentation graphique, traduction d’un langage vers un autre, logique et théorie d’ensemble et géométrie. Le Passeport de lecture et compréhension d’un texte révèle, quant à lui, une baisse significative, en septembre 2021, concernant la compréhension des liens dans un texte (liens logiques et reprise d’un élément déjà mentionné). Des baisses significatives du niveau de maîtrise de certains prérequis avaient déjà été pointées lors de la rentrée de 2020. Les nouveaux étudiants des rentrées 2020 et 2021 étaient donc moins bien préparés à rencontrer les attentes de leurs enseignants.

Fort heureusement, grâce au projet "Passeports pour le Bac" et aux activités de renforcement qui sont organisées en suivi de la passation de ces tests, tous ces étudiants se sont vus offrir l'opportunité de remédier à ces lacunes : correction commentée des tests, rappels de points théoriques, exercices complémentaires, atelier de stratégie de lecture, entretiens individuels, etc.

« Malgré le dévouement admirable dont ont fait preuve les enseignants au bénéfice de leurs élèves tout au long des périodes de confinement, force est de constater que la pandémie a eu des effets durables sur les apprentissages. Effets que les ‘Passeports pour le Bac’ révèlent.